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Située à proximité immédiate des Champs-Élysées, de l'Arc de Triomphe et de l'Avenue Montaigne, la rue Saint-Honoré abrite le prestigieux Palais de l'Élysée, résidence officielle du Président de la République française. Elle accueille également Le Clézio, une galerie récemment inaugurée à Paris. Considérée comme l'une des artères les plus emblématiques et élégantes au monde, cette rue réunit un grand nombre de galeries d'art et de maisons de vente aux enchères. Dans ce quartier artistique riche en histoire, Antoine Le Clézio et Yan Le Clézio, les propriétaires de la galerie, ont su, au fil des années, établir une présence remarquable au sein de la scène artistique contemporaine internationale. Leur vision de la gestion artistique s'articule autour de trois principes fondamentaux...
Le Clézio Gallery est situé au 157, rue Saint-Honoré. Photo: © Bruno Pellarin / Le Clézio Gallery
Antoine Le Clézio a étudié le droit, l’art médiéval et l’art contemporain asiatique à l’université. Il a publié plusieurs articles académiques et a occupé pendant de nombreuses années le poste de directeur de galerie dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés à Paris.
Yan Le Clézio a fondé en 2015, alors qu’elle était encore étudiante, son propre studio d’interprétation simultanée, collaborant avec des personnalités éminentes telles que les anciens présidents français N. Sarkozy et F. Hollande, ainsi qu’avec d’autres figures du monde diplomatique et politique. En 2020, elle a cofondé une société de commissariat d’exposition avec un partenaire à Dubaï, travaillant en collaboration avec des musées en France, en Corée du Sud, en Chine et dans d’autres pays pour organiser des expositions d’envergure.
Photo: © Laurence.M / Le Clézio Gallery
I. Adopter une vision large pour identifier les avantages
Q1. Le marché de l’art, véritable baromètre du développement économique, est aujourd’hui impacté par les récentes turbulences économiques et politiques mondiales. Quelle est votre vision de l’avenir du marché de l’art contemporain ? Plus précisément, quelle analyse faites-vous du positionnement de la France dans ce marché ?
Yan : La résilience du marché de l’art découle de son lien étroit avec les transformations culturelles, technologiques et sociales. Si les grandes puissances traditionnelles du marché de l’art continuent de dominer, des marchés émergents comme ceux de la région Asie-Pacifique et du Moyen-Orient connaissent une montée en puissance rapide. Notre philosophie consiste à introduire, au cœur de cet environnement culturel foisonnant qu’est la France, des artistes renommés ou émergents qui n’y ont pas encore été représentés. Cela permet non seulement d’insuffler une nouvelle vitalité culturelle, mais aussi d’offrir à ces artistes une reconnaissance sur la scène internationale, étendant ainsi leur rayonnement et leur influence sur le marché mondial de l’art.
Exposition des œuvres de l’artiste estonien Jaan Toomik, de l’artiste finlandais Kari Vehosalo et de Hanna Råst.© Le Clézio Gallery
©Le Clézio Gallery
II. Trouver un terrain d’entente dans les différences : Relier les marchés
Q2. Chaque région cultive des cultures uniques façonnées par ses espaces géographiques. L’art, en tant que forme la plus raffinée d’expression culturelle, comment identifiez-vous des valeurs compréhensibles tant pour les marchés européens qu’asiatiques ?
Yan : Nous commençons toujours par le contenu des œuvres. Prenons l’exemple de l’artiste finlandaise Elsa Salonen, dont le travail explore les thèmes de la vie et de la mort. Lorsqu’un organisme meurt, la première chose à disparaître est la couleur. Du point de vue de l’artiste, la couleur représente la vitalité qui peut être transmise de génération en génération et symbolise également l’âme. L’artiste observe des organismes morts dans la forêt et, par un processus de purification, sépare la couleur de la matière et de la structure, rendant ainsi visible la relation entre la vie et la mort : le corps qui reste dans le monde et les couleurs durables qui incarnent la vie et ses attaches.
Dans une autre œuvre, Nous sommes tous nés d’étoiles (Cygnus), elle utilise des matériaux tels que des météorites, de la poudre de fer et de la poussière de pierre. Ces trois éléments, parmi les composants fondamentaux des planètes, introduisent dans la création l’idée que « tout est interconnecté », un concept qui fait écho à la réflexion bouddhiste sur la matière et la mort. Peut-être en raison du climat extrême en Europe du Nord, une prise de conscience plus aiguë de la petitesse de l’homme face à la nature favorise une réflexion plus profonde sur les questions de nature, de vie et de mort. Cette perspective, moins courante dans la scène artistique française, trouve cependant un écho puissant dans la culture orientale, qui partage une vision élargie et majestueuse des relations entre l’humanité et la nature.
© Elsa Salonen © Le Clézio Gallery
Elsa Salonen, “We Are All Made of Stardust (Cygnus+Apus)" , 2017 © Elsa Salonen © Le Clézio Gallery.
Un autre exemple réside dans le concept de « Qi » fréquemment mentionné dans l’art oriental, que nous avons pu observer dans le travail de certains artistes nordiques. Lors de l’ouverture de notre première exposition, un critique d’art a souligné que ce qui rend l’œuvre de Kari inoubliable est la stabilité intérieure qu’elle dégage. L’une de ses pièces de grande envergure prend environ trois à quatre mois à réaliser. Si l’on y prête attention, les lignes de la composition s’enchaînent de manière fluide et continue, ce qui témoigne du flux ininterrompu du « Qi » de l’artiste. Lorsqu’il travaille avec des couleurs minimalistes, l’esprit doit demeurer calme et stable, presque sans fluctuations émotionnelles, afin d’obtenir une composition soignée et harmonieuse. Cela ne peut être réalisé uniquement par une contrainte de volonté ; il s’agit d’un don, d’une pratique, et aussi d’une manifestation du concept oriental de « calme et concentration ».
Object, 2023, Oil on canvas, 120 x 180 cm, Photo: © Erno Enkenberg © Kari Vehosalo © Le Clézio Gallery
The Past is a Gaping Hole III, 2023 , oil on copper, 18 x 15 cm, Photo: © Erno Enkenberg © Kari Vehosalo © Le Clézio Gallery
I Dream Here, 2023, Oil on canvas, 38 x 58 cm, Photo: © Erno Enkenberg © Kari Vehosalo © Le Clézio Gallery
III. Respect des principes, préservation des valeurs
Q3. Pourriez-vous nous parler de vos critères de sélection des artistes et des œuvres ?
Yan : Une galerie est à la fois une entreprise et un espace artistique. Dans la gestion de la galerie, nous nous appuyons sur six principes directeurs : l'Éthique, l'Expérimentation, l'Espace, la Technique, le Médium et la Criticité. Ces six dimensions ne sont pas seulement des éléments clés pour l'appréciation artistique, mais elles sont également applicables à notre fonctionnement organisationnel et à nos analyses du marché. Par exemple, l'œuvre de l'artiste estonien, "trésor national" Jaan Toomik, présentée lors de notre première exposition, est actuellement exposée à l'Ambassade d'Estonie en France. Cette exposition est le fruit d'une collaboration entre l'ambassade, le Centre d'art contemporain d'Estonie et le plus grand musée d'art privé d'Estonie, le Viinistu Art Museum. Cinquante pour cent des recettes issues de la vente des catalogues d'exposition seront reversés au Fonds d'urgence pour l'art ukrainien. Le tableau "Sans titre", que nous exposons dans notre galerie, a été créé dans le contexte de la guerre russo-ukrainienne. Pour la plupart d'entre nous, la guerre n'est qu'une information à la télévision, mais pour ceux qui sont affectés par les conflits géopolitiques, la guerre fait partie de leur réalité quotidienne.
©️ Laurent Edeline © Le Clézio Gallery
Inspirée par l'archéologie, Hanna Råst explore la relation entre la mémoire et le temps. Par exemple, dans Punctum (Après Roland Barthes), elle transforme la théorie de Barthes en une forme de sculpture sur pierre, remettant en question notre compréhension traditionnelle des images, du temps et de la mémoire. Le terme "Punctum" désigne à l'origine un moment capturé dans une photographie, un instant qui perce soudainement le cœur du spectateur, éveillant des émotions ou pensées profondes. Dans cette œuvre, l'artiste fige cet instant dans la pierre, où la "douleur aiguë de l'instant" entre en collision avec "l'existence éternelle". Je crois que ce qui est le plus difficile à saisir ici est le "sens de la proportion" dans la culture orientale : un peu trop et cela devient une démonstration intellectuelle, un peu trop peu et cela risque de perdre "le charme de l'offense". Cependant, tout cela s'inscrit dans un cadre esthétique de retenue calme : la subtilité, la modération et la tranquillité sont des valeurs vénérées dans l'esthétique orientale.
©️ Laurent Edeline © Le Clézio Gallery
Weight of Memory, 2022, Stack of family photos in bronze, approx. 10 x 15 x 10 cm, weight 7 kilos, Photo: © Hanna Råst © Le Clézio Gallery
Le Regard le Plus Précieux
Les individus entrent dans les espaces artistiques avec des attentes et des émotions diverses. La Galerie Le Clézio souhaite que les visiteurs abordent les œuvres d'art avec un cœur authentique. Antoine Le Clézio et Yan Le Clézio, un couple profondément uni par la confiance, sont également les meilleurs partenaires pour mettre en lumière la brillance des artistes. Comme le disait Heinz Kohut : "Une affection profonde sans séduction, une détermination ferme sans hostilité", gérer une entreprise, c’est comme gérer une relation, où la douceur se mêle à la persévérance. Yan Le Clézio est profondément touchée par les mots du philosophe et écrivain Tan Jia-zhe : "Le cœur est fortifié par les fondements de la moralité intérieure et des valeurs inébranlables. S'il est influencé uniquement par les forces passagères des jugements extérieurs, il perdra finalement son essence véritable." Nous espérons que chacun qui entre dans cet espace sera continuellement immergé dans un environnement esthétique riche en réflexion et en sérénité.
La conception de la « Salle Secrète » au sein de la galerie est réalisée avec une structure arquée gracieuse, évoquant un sentiment de sanctuaire et de soutien. L’espace a été imaginé par le célèbre architecte japonais Mio Shibuya, tandis que la conception de l'identité visuelle a été confiée à Tian Bo, lauréat à plusieurs reprises du prestigieux prix Red Dot.
Photo: © Bruno Pellarin / Le Clézio Gallery
Photo: © Bruno Pellarin / Le Clézio Gallery
Lectures complémentaires